« Martin Rees, aujourd’hui Astronome de Sa Majesté britannique, aborde ce problème (évolution de l’univers) dans son ouvrage intitulé Just Six Numbers. Il y explique comment la structure de l’univers dépend en fin de compte de six paramètres seulement, parmi lesquels la force de gravité. (…)

Reeves se demande comment les choses auraient pu tourner si ces nombres avaient pris des valeurs différentes lors de la création de l’univers. Par exemple, si le nombre assigné à la gravité avait été plus grand, la force de gravité aurait été plus importante, et la formation et la combustion des étoiles auraient été plus rapides.

L’un de ces nombres, que Rees appelle ε, reflète l’intensité de l’interaction forte, qui tient ensemble les protons et les neutrons dans le noyau de l’atome. Plus la valeur de ε est élevée, plus la liaison est forte. Les mesures montrent que ε= 0,007, ce qui est extraordinairement heureux, car si ce chiffre avait été légèrement différent, les conséquences auraient été catastrophiques. Avec ε= 0,006, la force de liaison nucléaire serait légèrement plus faible, et il aurait été impossible de fusionner l’hydrogène en deutérium. Il s’agit là de la première étape sur la voie de la transformation de l’hélium et de tous les éléments lourds. En fait, si ε était égal à 0,006, tout l’univers serait rempli uniquement d’hydrogène simple, si bien qu’aucune vie n’aurait eu de chance d’apparaître.(…)

Rees examine les cinq autres nombres qui conditionnent l’univers, et explique comment une modification quelconque de l’un d’entre eux aurait gravement affecté son évolution. En fait, certains de ces cinq nombres sont encore plus sensibles au changement que ε. Et si leur valeur s’était écartée un tant soit peu de ce que nous observons, l’univers aurait facilement pu être stérile, ou, pis encore, se serait détruit dès sa naissance. Par conséquent, on peut penser que ces six boutons ont été réglés en fonction de la vie. Tout se passe comme si les six cadrans qui ont dicté l’évolution de l’univers avaient été ajustés avec soin pour créer les conditions nécessaires à notre existence.

Selon Freeman Dyson, éminent physicien : « Plus j’examine l’univers et les détails de son architecture, plus je trouve de preuves qu’en un certain sens, il devait savoir que nous allions venir. » Cela nous rappelle le principe anthropique mentionné au chapitre 5, et que Fred Hoyle exploita pour résoudre l’énigme de la formation du carbone dans les étoiles. Le principe anthropique repose sur l’hypothèse selon laquelle toute théorie cosmologique doit tenir compte du fait que l’univers a évolué jusqu’à nous inclure. Cela implique qu’il s’agit là d’un élément significatif dans la recherche cosmologique. »

«Le roman du Big Bang, la plus importante découverte scientifique de tous les temps» Simon Singh Ed JC Lattès 2005





Trinh Xuan Thuan : « La science a des implications philosophiques et métaphysiques »







Interview de Trinh Xuan Thuan





Les nouveaux paradigmes scientifiques, entretien avec Jean Staune







Reportage sur le philosophe des sciences Jean Staune







« L'Univers nous sera à jamais inaccessible. La mélodie restera à jamais secrète. Mais est-ce une raison pour se décourager, pour abandonner la quête ? Je ne le crois pas. L'homme ne pourra jamais échapper à ce besoin urgent d'organiser le monde extérieur en un schéma cohérent et unifié. Après l'univers du big bang, il continuera à en créer d'autres, qui se rapprocheront toujours plus de l'Univers sans jamais l'atteindre, et qui illumineront et magnifieront son existence. »

Trinh Xuan Thuan «La mélodie secrète»


Voir aussi : Sciences et conscience