Le cerveau, Dieu, les étoiles...
Par Ephéméride, samedi 11 août 2012 à 16:09 :: Biologie :: #21 :: rss
"Pourquoi Dieu ne disparaîtra jamais", c'est sous ce titre ambitieux "A la une" de Science & Vie du mois d'août 2005, que sont exposés d'étonnants travaux en neurobiologie. Le 3ème millénaire devient spirituel... Des scientifiques découvrent la molécule de la foi et se transforment en "neurothéologiens", diable !...
Ces travaux, basés sur les mécanismes de la transmission neuronale, reprennent en compte la recherche (qui ne date pas d'aujourd'hui) sur les effets des drogues hallucinogènes sur le cerveau. Diverses molécules issues de substances naturelles comme l'opium, le peyotl ou l'ergot de seigle (morphine, mescaline, L.S.D.) se fixent dans notre cerveau à la place de molécules qu'il synthétise lui-même (endorphines, dopamine, sérotonine,) et qui semblent tenir un grand rôle dans nos états d'humeur (plaisir, stress, anxiété), notre sommeil et notre vigilance, nos processus de mémorisation, voire certains états de conscience "non-ordinaires". |
Au niveau chimique, notre cerveau serait donc naturellement programmé pour nous permettre d'éprouver ces expériences extatiques de fusion décrits par les mystiques de toutes traditions. A un autre niveau, l’hypothalamus, centre régulateur neuro-endocrinien, participe de la genèse de nos émotions. La zone pariétale supérieure gauche du cortex (chez les droitiers), dont l'une des fonctions est la construction du schéma corporel et la distinction du corps et de son environnement, se met en veille dans les processus de méditation profonde. La posture de zazen et le contrôle de la respiration agissent sur le cerveau et l'hypothalamus et ouvrent l'accès à une autre conscience.(1)
De nombreuses pratiques traditionnelles anciennes, individuelles ou collectives ont pour objectif cet éveil à la conscience transcendante, en agissant aux différents niveaux physique, émotionnel etc... avec ou sans "catalyseurs" comme certaines plantes de connaissance. Mais solliciter à ce point le cerveau n'est jamais sans risques d'altérations et de décrochages d'un certain "consensus de réalité" nécessaire à notre vie sociale; et ce d'autant plus que notre consensus actuel n'intègre pas ce genre d'expériences dans sa "normalité" et que l'habité des fées devient parfois le fada du village.
L'homme est un "système" ouvert, et toutes les influences du milieu global ont des répercussions sur sa structure interne, expériences physiques et émotionnelles, représentations culturelles. L'influence de la lumière sur la production de la sérotonine et les effets de la dépression saisonnière en est un exemple. Les influences psychoaffectives doivent avoir un effet, si la foi est capable de réduire nos angoisses. Encore faut-il distinguer dans ce processus, quel niveau de l'être est concerné, et si la "croyance" ne devient pas un palliatif aux blessures diverses de l'estime de soi, de souffrances affectives ou d'exclusion sociale; plutôt qu'une authentique expérience vécue de la transcendance. En ce sens, l'identité religieuse ne crée qu'une identité provisoire de plus, et la religion n'est qu'une sorte de neuroleptique anesthésiant qui porte en outre le danger d'une fragmentation sociale.
Mais alors, de quelles possibilités de régulation autonome, de biofeedback ou de maîtrise de soi peut-on disposer ?
Et si aucune pratique finalement ne garantissait la terre promise de la transcendance?
Si la nature nous a dotés d'un tel potentiel interne est-il également programmé pour nous éveiller en temps voulu et en harmonie, ou nous faut-il un élément déclencheur ?
La source noire
Patrice Van Eersel (2) a consacré un livre aux expériences proches de la mort (NDE), qui ne sont pas sans rappeler l'expérience mystique. Provoquées ou spontanées, elles semblent être un processus similaire qui affecte également la totalité de l'être dans sa physiologie et dans ses aspects neurobiologiques, ainsi que dans le bouleversement de la vision du monde qui s'ensuit.
L'ensemble de ces expériences nous renvoie à l'interrogation sur la conscience et sa relation avec la mémoire (son système de stockage), et surtout sur la connaissance du cerveau. Découpé en tranches, en zones, électrifié, cybernétisé, atomisé... il n'a toujours pas révélé la totalité de ses mystères. Pourquoi la mémoire, parce qu'il se pourrait que la problématique de sa localisation dans le cerveau vienne tout simplement du fait qu'elle ne s'y restreint pas globalement, et que étant ancrée de façon essentielle dans un domaine transcendant, englobant le cadre spatio-temporel, elle émergerait seulement de façon locale et structurée dans le cerveau fonctionnant comme récepteur de flux d'un champ global et n'y laisserait que des traces subtiles.
Outre l'aspect biochimique de la communication neuronale son aspect électrique. Le cortex cérébral produit une activité électrique spontanée et intense. Jean-Pierre Changeux (3) explique l'activité oscillatoire spontanée du neurone et son interaction avec l'environnement. "Les organes des sens se comportent comme des "commutateurs" d'horloges moléculaires. Les stimuli physiques qu'ils reçoivent du monde extérieur les avancent, les retardent ou les remettent à l'heure".
Il y a du chaos déterministe et des attracteurs fractals dans l'activité du cerveau en sommeil profond, qui disparaissent à l'état de veille.(4) En tant que système complexe, le cerveau et d'autres organes comme le cœur ont des rythmes internes qui peuvent être modélisés dans le cadre de la théorie du chaos.(5)
Il y a de l'hologramme dans l'aire chez la théorie holographique de la mémoire de Karl Pribram, neuropsychologue, le cytoplasme neuronal conserverait la trace des ondes associées aux influx nerveux dans l'organisation de ses divers éléments en formes vibratoires; trace qui serait à nouveau accessible par résonance. La mémoire ne serait pas localisée à une zone du cerveau mais chaque neurone aurait accès à une sorte de mémoire holographique standard. Cette orientation rejoint les travaux de Jacques Benveniste sur la mémoire des signaux moléculaires de l'eau.
Pour Ruppert Sheldrake (6) les formes et processus de la vie puisent leurs informations dans des champs morphogénétiques avec lesquels ils sont en résonance, et ces champs peuvent se modifier et évoluer par la création de nouvelles formes de structures biochimiques et de nouveaux comportements des espèces, facilitant l'apprentissage. Est-ce là un champ complexe de "transcendance" ?
"Partis pour disséquer les mécanismes de la communication chimique entre neurones, nous accédons à une explication au niveau moléculaire, voire atomique, de cette communication." JP Changeux
Il semble bien en effet que la compréhension globale du fonctionnement du cerveau nécessite un tour d'horizon à tous les niveaux d'organisation de la "réalité" :
"A chaque étape (de la transmission synaptique), il y a "réduction" d'un niveau d'organisation à un niveau plus élémentaire : de la population de neurones corticaux à la cellule ou à la synapse, de l'impulsion nerveuse (ou des courants post-synaptiques) à la molécule. Chaque fois, une onde d'apparence continue et globale se trouve "découpée" en unités discrètes et interprétées comme résultant intégralement de celle-ci, sur la base d'une "reconstitution" du phénomène global à partir de ces entités discrètes. Une activité globale se trouve donc réduite à des propriétés physico-chimiques, devient descriptible avec les mêmes termes que ceux employés; par le physicien ou le chimiste." "L'activité nerveuse, évoquée ou spontanée, et sa propagation dans les réseaux de neurones s'expliquent en fin de compte par des propriétés atomiques." "Le système nerveux se compose de - et emploie pour fonctionnement - la même "matière" que le monde inanimé" JP Changeux
Voilà qui devrait mettre tout le monde scientifique d'accord pour fonder une approche transdisciplinaire ou du moins tenter de réduire les problèmes de communication interdisciplinaires...
"Ce à quoi vous venez d'assister correspond à ce qui se passe lorsqu'un chercheur en dynamique non-linéaire travaillant sur les systèmes globaux de faibles dimensions parle à un biologiste qui utilise des outils mathématiques. Nous concevons tous difficilement qu'il puisse exister des propriétés des systèmes qui soient universelles, contenues dans les représentations les plus simples." (5) Réponse d'un psychiatre à un théoricien du chaos face à des biologistes frustrés par la simplicité...
Il y a comme une analogie entre le neurone et l'ADN, une potentialité "d'information globale" qui se spécialise et se différencie à un niveau d'organisation plus complexe. L' ADN "sait" tout, mais ne distille son savoir en ne codant que les protéines nécessaires à la structure de la cellule et sa fonction à un autre niveau d'organisation, mais comment le sait-il ?
Quel feedback entre la cellule et l'ADN ? De même, si le neurone possède un savoir "implié", comment le spécialise-t-il de façon locale dans le cerveau ? La théorie du chaos peut-elle décrire ce passage d'un "potentiel global" à une "spécialisation locale", comme un chaos déterminé par des attracteurs qui construisent un ordre émergent ?
Si dans tout système complexe chaotique un ordre de représentation simple émerge, existe-t-il un super ordre à représentation hyper simple qui émergerait du tout, le plus grand que l'on puisse "concevoir" ou "imaginer", en tant que cerveau humain, cela va sans dire...?
La lumière blanche
La matière du cerveau est la même que celle du monde inanimé, là au moins nous tenons le bon bout, le grand saut cosmique... et tant pis pour l'âme, elle n'a rien à faire dans le cerveau, mais l'infini, peut-on le mettre en bouteille ? Il agace cet infini, à se loger partout dans les théories, tellement que le top de l'élégance mathématique est de le "raser" (à la mode d'Ockham) des équations, comme un malpropre de l'esthétique fonctionnelle ; il n'y a bien que Cantor pour se risquer à s'envoler avec...
Bon, allons-y gaiement, dans l'infiniment petit du cerveau, mais je sens que ça va bientôt coincer, ça respire la dualité quantique/relativiste...
Revenons à la sérotonine. Pour comprendre comment Dieu joue avec nos nerfs, il faut savoir qu'une fois synthétisée, la sérotonine se transforme en partie en mélatonine, dans la glande pinéale ou épiphyse, et ce en fonction de variations circadiennes et saisonnières, c'est à dire sous l'influence de la lumière du jour.
D'où, peu de lumière (tout le spectre), on dort, on déprime, on mange n'importe comment.
En fait, les mécanismes régulateurs de la sérotonine et de la mélatonine ne sont pas encore très bien connus. Mais ce qui attire l'attention est l'influence des rythmes d'alternance jour/nuit ainsi que la durée des arcs diurnes et nocturnes, chers à l'astrologie conditionnelle, qui président à cet équilibre sérotonine/mélatonine, si important dans l'ensemble de la régulation physiologique de notre corps et de nos émotions.
Et puis Akhénaton ne s'était pas trop planté, le soleil retrouve sa déité...
Une question astrologique au passage, un suédois Gémeaux serait-il plus ou moins adapté à son milieu qu'un Capricorne? A moins que ce soit la Lune et son rythme zodiacal qui installe au premier mois de la vie la globalité de l'accord entre rythmes "célestes" et "rythmes terrestres" dans un sens "cosmobioclimatique" ?
Continuons avec les rythmes, Deepak Chopra (7) décrit très sommairement les travaux d'un neurologue japonais, Tadanobu Tsunoda, sur la latéralité des processus cognitifs, et ces quelques mots méritent également attention : "De nombreux aspects subtils du passage du cerveau gauche au cerveau droit ont été mis à jour, mais le plus remarquable fut ceci : il a été découvert que la domination cérébrale des gens change lorsqu'on leur fait entendre un son dont la fréquence est un multiple de leur âge (par exemple un multiple de quarante vibrations par seconde dans le cas d'une personne de quarante ans).
Plus étrange encore est l'observation confirmée au Japon sur trente sujets, qu'un passage durable se produit également au jour anniversaire de la personne. Pendant un laps de temps variable, les personnes dominées par leur cerveau droit passent au cerveau gauche et vice versa. Ce phénomène s'est produit sur plus de la moitié des sujets examinés et pour certains pendant trois années consécutives.
Confronté à ces énigmes, Tsunoda se demande si nos cerveaux ne sont pas, d'une manière ou d'une autre, réglés sur la révolution de la Terre autour du Soleil, sur les phases de la Lune et autres horloges cosmiques. Le lien avec l'activité cosmique suggère la présence d'un cosmos miniature dans le cerveau humain, écrit-il. Mais nous avons perdu notre aptitude à percevoir ce microcosme en nous-mêmes, dans la bousculade et le remue-ménage de la civilisation."
Evidemment c'est mince, mais c'est une piste pour faire de l'astrologie une chronobiologie cosmique des temps futurs, et pour comprendre un éventuel recalage de notre cerveau à chaque anniversaire (révolution solaire). Mais l'énigme reste entière quant au mode d'intégration des horloges cosmiques. Il y a l'action de la lumière dans les rythmes circadiens et saisonniers et tout son cortège de modifications biochimiques, une autre forme d'action est-elle une fréquence vibratoire, un oscillateur qui ferait résonner notre cerveau avec les rythmes planétaires ?
Fréquences, ondes, atomes... et ADN, Etienne Guillé (8) aurait trouvé que certaines propriétés "anormales" de l'ADN étaient dues à la présence de métaux qui ont pour propriété de se fixer sur ses bases, modifiant sa configuration. Ces métaux sont ceux de la tradition alchimique, l'argent, l'or, le mercure, le plomb, le fer, le cuivre et l'étain, ceux également que la tradition astrologique associait aux planètes (jusqu'à Saturne). Il a lui aussi étudié le rôle de l'eau dans les échanges vibratoires, et plus particulièrement entre l'ADN et les métaux cités. E. Guillé va même très loin dans l'évocation de la possibilité de modifier consciemment notre ADN.
Mélodies atomiques et rythmes cosmiques, une drôle de musique... mais de quelles règles s'est servi le Grand Compositeur ?
Je crois bien que la suite est pour un autre épisode et qu'en attendant, je vais m'opiacer le cerveau au chocolat noir...
"L'Univers tient dans un grain de sable" si vous voulez tout savoir...
(1)"Zen et cerveau" Taizen Deshimaru et Dr Paul Chauchard Le Courrier du Livre 1976
(2)"La source noire" Patrice Van Eesel Ed Grasset et Fasquelle 1986
(3)"L'homme neuronal" Jean-Pierre Changeux Ed Fayard 1983
(4)"Entre le temps et l'éternité" Ilya Prigogine/Isabelle Stengers Ed Fayard 1988
(5)"La théorie du chaos" James Gleick Ed Albin Michel 1989
(6)"Une nouvelle science de la vie" Rupert Sheldrake Ed Le Rocher 1985
(7)"La vie sans conditions" Deepak Chopra Interéditions 1992
(Malheureusement D. Chopra ne cite pas de source bibliographique sur la recherche de T.Tsunoda)
(8)"L'alchimie de la vie, biologie et tradition" Etienne Guillé/Chritine Hardy Le Rocher 1983