J'aurais bien conté l'histoire du cheminement intérieur que ces rencontres avec les personnages d'antan sus-cité ont provoqué, mais autant synthétiser une conclusion, relativement provisoire… concernant uniquement la "science astrologique" … ;-)

Les recherches globales de Pauli m'ont servi de base d'exploration personnelle et ont éclairé certaines questions à propos non seulement d'astrologie, mais aussi sur cette apparente dialectique sujet/objet qui remonte très loin dans l'histoire de l'humanité, sous son aspect mythique et cosmogonique comme l'a exploré aussi Jung.

Cette problématique rencontrée aussi en astrologie "moderne", c'est-à-dire, la séparation entre physis et psyché… que l'on retrouve dans les illusoires affrontements entre astrophysiciens et astrologues, mais aussi en "interne" dans les courants astrologiques, dans la "dissonance" matériel-spirituel… peut-elle se dénouer ? Un constat immédiat, elle ne peut se dénouer tout d'abord qu'en "individuel", et elle se dénouera probablement à plus ou moins long terme, de façon collective dans le domaine de toutes les sciences en général.

Un premier article sur les réflexions de Pauli : "Wolfgang Pauli et l'arrière-plan de la physique" suivi de deux documents que j'ai traduit en français, une conférence de Pauli expliquant les points de vue de Fludd et Kepler, et un extrait de l'essai de Harald Atmanspacher et Hans Primas sur la face cachée de Pauli, concernant la relation de Pauli avec Jung et sa quête intérieure, font partie des écrits évoquant ces questions.


Pour anglophones : Une conférence donnée par le professeur Arthur I. Miller (University College London) le jeudi 10 Décembre 2009 au CERN.
À un moment clé de son développement scientifique, Pauli a été l'objet d'une analyse par Jung. Que pouvons-nous apprendre de plus sur les découvertes de Pauli du principe d'exclusion et le théorème CPT, ainsi que ses pensées sur la non-conservation de la parité, et sa quête avec Heisenberg pour une théorie du champ unifié de particules élémentaires, de l'analyse Jungienne de ses rêves? Un Pauli très différent, à l'encontre de ses estimés collègues tels que Niels Bohr et Werner Heisenberg.
Voir aussi d'Arthur I. Miller : Arthur I. Miller on a meeting of minds between Carl Jung and the physicist Wolfgang Pauli, à propos du nombre 137 par lequel Pauli se sentait "poursuivi" et la Constante de structure fine.





Donc, semblent se poser des conflits entre quaternaire, ternaire… dualité sujet/objet, dans un processus de quête de l'unité et d'une théorie du Tout… d'un modèle qui rendrait les choses enfin compréhensibles, ce qui au moins réunit tout ce monde du passé et de l'actuel. Sauf que plus la science "dure" avance, plus "les choses" mollissent, s'évaporent et deviennent complexes, résistant à une tentative de compréhension rationnelle et renvoyant les plus ouverts aux rapports de la matière à la conscience, souhaitant réunir le ternaire "observateur, observation, observé" dans un même champs de conscience.


Dans le chapitre Genèse de l'œuvre, (Ma vie) Jung explique :

"La psychologie analytique fait fondamentalement partie des sciences de la nature ; mais elle est soumise, plus que n'importe qu'elle autre, aux préjugés et aux conditionnements personnels de l'observateur. C'est pourquoi, afin de mettre nos jugements au moins à l'abri des erreurs les plus grossières, elle est tributaire, à un degré élevé, de la documentation et des comparaisons historiques."

Jung développe ce point par son étude des gnostiques, le néoplatonisme, l'alchimie, en voyant dans celle-ci une continuité historique de la gnose. Il voit une résurgence des thèmes gnostiques sur la sexualité et l'autorité paternelle, également dans le mythe freudien de l'inconscient et la notion de Surmoi, plein d'obscurité provenant de ce père. Mais pour lui, Freud est passé à côté de l'orientation plus sensible et incarnée dans la matière de l'alchimie, et le rôle du Cratère, comme principe féminin, le vase de la métamorphose en esprit, envoyé aux hommes par le même dieu créateur. Ce principe féminin était donc égal en dignité dans la philosophie hermétique de l'alchimie, dont un des symboles est l'alambic. Ce qui n'est pas très différent du mythe de la quête du Graal…

"J'ai vu très rapidement que la psychologie analytique se recoupait singulièrement avec l'alchimie. Les expériences des alchimistes étaient mes expériences et leur monde était en un certain sens, mon monde. Pour moi, cela fut naturellement une découverte idéale, puisque ainsi j'avais trouvé le pendant historique de la psychologie de l'inconscient. Celle-ci reposait dorénavant sur une base historique. La possibilité de comparaison avec l'alchimie, de même que la continuité spirituelle en remontant vers la gnose lui conférait substance".

C'est à ce point que l'histoire de l'astrologie occidentale semble converger avec cette analyse, et notamment en découvrant l'immense travail de Fludd. Comme l'évoque Thomas S. Kuhn, toutes les connaissances scientifiques sont en adéquation temporelle avec une vision globale de la réalité, ainsi que leurs méthodes de recherche, puis un certain saut conduit à une crise révolutionnaire. Mais en arrière-plan et c'est là que la recherche de Pauli, en "coniunctio" avec celle de Jung, est importante, semble subsister cette illusion de séparation observateur/observé et conditionnements culturels.

Kuhn a bien ciblé le fait que tout homme de science est d'abord un être humain dotée de certains critères psychologiques et d'une propre vision de la réalité, qui déterminent le cadre de ses travaux ; dont un qui n'est pas des moindres est de suivre son intuition, parfois en deçà de tout consensus. Là est le point de jonction au niveau "sujet", et au niveau révélation intuitive en accord avec le processus d'individuation de Jung ; et les mystères transrationnels de la synchronicité et la sérendipité.

Ainsi en est dans le domaine de l'astrologie, elle puise ses sources dans un passé où, au sein des sciences de la nature, fusionnaient pragmatisme empirique et gnose, soit une quête de connaissance intérieure de la réalité s'exprimant par des révélations intuitives et verrait Jung, une cristallisation du numineux archétypal.
Chez toutes les anciennes civilisations, l'observation du ciel est d'abord du domaine du sacré. Si nous remontons aux racines étymologiques, astro-logos désignait bien une science globale incluant l’astro-nomie qui était la partie calcul, ou l'étude des lois physiques, l’ astro-mancie une prophétie par les astres dans tous les domaines de la vie quotidienne et de la nature, mais aussi dans le domaine religieux de la connexion intuitive avec le divin. La quête des mystères de la vie se résolvait dans la grande harmonie de la coïncidence macrocosme/microcosme.




Entrons dans le monde selon Fludd.

Robert Fludd and His Images of The Divine

Utriusque cosmi maioris scilicet et minoris metaphysica, physica atque technica Historia (volumme 2)

Une playlist consacrée à Fludd, à partir de la seconde vidéo, l'exposé de la thèse de Luca Guariento "Music as metaphor and its place in Robert Fludd's concept of the cosmos."





L'harmonie des sphères est le thème qui réunit Fludd et Kepler, depuis l'antiquité grecque et qui, si l'on en croit Platon, remonte à l'Egypte ; une harmonie ordonne le monde, géométrique et musicale. Mais tandis que Fludd cherche l'harmonie par un quaternaire alchimique et une vision poétique, Kepler lui oppose une vision ternaire et plus géométrique, il semblera d'ailleurs que cette vision le conduira à privilégier les aspects planétaires dans leurs formes géométriques, délaissant peu à peu la partie qu'il voyait plus spéculative dans le découpage de l'écliptique en 12, le système des maîtrises, ainsi que la domification.





Remarquons que la géométrie Képlérienne, s'intègre aussi dans la sphère. De façon étrange la vision moderne de la "physis" porte sur une géométrie des lois de la matière et s'insère aussi dans un univers dont on s'interroge encore sur la courbure…
Le "quaternaire archétypal", résolu par Pauli avec l'attribution du 4ème nombre quantique, la valeur du spin, et son principe d'exclusion, ordonnent ainsi le monde de la matière… dans une relation surprenante entre dynamique et géométrie.
Fludd et Kepler avaient peut-être vu juste sur une certaine symphonie étoilée...une harmonie unissant l'homme et l'univers... :-)

Les Nombres Quantiques

Le Modèle Standard : une théorie géométrique des interactions fondamentales

Sylvie Vauclair, une astrophysicienne de l'Institut de recherche en astrophysique et en planétologie, et un musicien, Claude-Samuel Lévine, viennent de publier ensemble un livre intitulé "La nouvelle musique des sphères".


Une conférence avec Sylvie Vauclair chez France Culture et les compositions de Claude-Samuel Lévine.




Les thèmes des protagonistes








Spécial Kepler : son thème 3D ;-)




Voir aussi :

Mandalas du Ciel et de la Terre…

Sciences et conscience

Penser le Réel ou être le Réel...

"La science basée sur l'Observateur"