Si, comme l'a décrit René Zazzo, c'est entre 2 et 3 ans que l'enfant reconnaît que l'image vue dans le miroir est l'image de son corps, le fait semble bien coïncider avec la mise en place de la fonction Er (Jupiter=> représenter l'existence).
Reprenons le RET, ainsi que les trois modes de connaissance de Ken Wilber.



Observant sur le web l'utilisation du terme "éveil impersonnel", la question est : de quel "éveil" parle-t-on précisément ? Depuis notre naissance, toute une série d'éveils se produisent, concernant ces trois niveaux de notre être global, par intégrations, puis inhibitions successives. Nous sommes un "tout global" composé de niveaux communicant entre eux... voilà la description du RET, qui permet aussi de discerner d'éventuelles erreurs catégorielles, sur ce terme "impersonnel" et celui de "vision". Le mot "vision" peut tout aussi bien signifier la vision sensorielle, qu'être utilisé comme une métaphore, désignant une compréhension conceptuelle ou une vision transcendante sans représentation ni phénomène sensoriel.
C'est avec Ernst Mach et son dessin "Vue depuis l'œil gauche" qu'une première approche de "l'impersonnel" se distingue.
Voyons aussi l'organisation du ciel le jour de sa naissance.





Ce dessin de Mach est celui qui illustre son propos dans "L'analyse des sensations", bien loin d'une vision "métaphysique" contemplative, ce qu'il dit lui-même en conclusion, il concerne "Mon corps, ma perception", et pour cela, exit le miroir, et les représentations en reflet du "Moi corporel", exit aussi les considérations philosophiques, l'approche de Mach est clairement de l'ordre de l'analyse scientifique et pragmatique.
Par contre son exploration est intéressante pour faire un saut astrologique vers le mécanisme de la pensée scientifique d’Einstein, chez qui l'intuition physique précède le langage ; et qui par contre est animé d'une "religiosité cosmique".

"On ne saurait assigner une délimitation précise et satisfaisante dans tous les cas entre le corps et le Moi.", effectivement, est-ce dû à la conjonction Jupiter /Vénus ; pourtant son analyse interpelle le carré Pluton/Saturne ou Soleil/Uranus/Mercure opposé Mars... probablement un mélange. Il se peut que Pluton/Saturne soit aussi dans le coup de son "principe" mais en terme t d'interdépendance à longue distance, Mach semblant peu sensible à la dimension intuitive T de "l'Absolu" en terme de Conscience sans objet.
L'impersonnel chez Mach est de l'ordre du non R, comme quoi l'impersonnel n'implique pas forcément l'expérience directe silencieuse et non phénoménale de la Conscience universelle ; mais il n'empêche que ces découvertes au niveau de la "proprioception" sont importantes, sur Terre ainsi que dans l'espace .

Poursuivons dans le sensoriel, en compagnie de nos amis de la biodiversité qui s'économisent naturellement la pensée d'un "moi", et une conférence de Hervé Cadiou : "Le cerveau magnétique ou comment ne pas perdre la boussole ? "



Retournons à la notion d'"éveil spirituel" en compagnie de Douglas Harding et de Jean Klein.
Dans le cas de Douglas Harding, il y a deux versions différentes de l'expérience, l'une est une prise de conscience de l'absence de Moi conceptuel avec le dessin de Ernst Mach, l'autre version se passe en Himalaya.
Quoi qu'il en soit et hors le langage qui se superpose à l'expérience à posteriori, chez Douglas Harding il y a expérience de la perception visuelle dégagée de la pensée, et chez Jean Klein : "Je regardais les oiseaux et soudain, je fus entièrement saisi par eux, comme si tout cela se passait en moi.", il y a une intégration de la perception dans un "moi" plus vaste... Cela semble très différent, sous la même appellation "éveil spirituel". Entre "il n'y a plus la pensée, seul est le "Moi empirique" et au-delà du "Moi conceptuel" pensé et du "Moi empirique" senti reste la pleine conscience de l'Être transcendant ; il y a un gouffre, voire un "shift" !
Ceci étant bien sûr une façon de décrire le processus de "désidentification" et du point de vue d'un corps/mental "séparé"... en fait le réel état est que ce niveau Transcendant est notre "base", le fondement même de notre corps et de notre faculté de penser... notre "Conscience de l'en deçà de l'espace-temps".

Au niveau du ciel pour le jour de leur naissance, voir dans les thèmes les rapports très différents entre Soleil/Mercure/Mars/Pluton ; on peut ajouter la relation Vénus/Neptune chez J. Klein :




Donc... est-ce que la "Vision sans tête" de Douglas Harding est un premier pas vers un retour au Soi et une intégration plus vaste... peut-être. Il a bien tenté de multiplier les représentations (Mercure Rt en relation avec Pluton Tt) du "vide intérieur", après, la validité de ses "exercices" est à tester pour ceux qui se sentent en "résonance" et sa vision est certes probante au niveau d'une éthique humaine et d'une libération intérieure pour se voir soi-même sans le fatras de nos représentations mentales et celles des autres auxquelles nous pouvons rester attacher ; dont un des symptômes psychologiques est la sensibilité extrême au regard d'autrui... d'où le symbole du miroir à réinterpréter différemment selon l'usage et certains processus d'identification.

Douglas Harding est-il resté coincé entre Mars et Pluton... et "l'opacité des choses" ?

L'essentiel à retenir de la pratique de la "Vision sans tête" est le doigt qui pointe vers Soi-même, le "JE transcendantal", comme métaphore du "cherche et trouve en toi-même", c'est le seul enseignement pragmatique de toutes les sagesses.

Selon les observations de Zazzo, jusqu'à 15 mois, l'enfant croit que ce qu'il voit dans le miroir est un être en chair et en os (stade Soleil Rr).
Entre 15 et 24 mois, l'enfant va présenter deux sortes de réactions : la fascination et l'évitement. Il se lance dans la recherche de similitudes entre ses propres mouvements et ceux observés dans la glace. Il fait toutes sortes de mimiques, de grimaces, de mouvements répétitifs. Il tire la langue, plaque sa main contre la glace, la faisant bouger puis l'immobilisant brusquement. Cet autre dans la glace, "il bouge comme moi". Ces conduites d'évitement et de malaise, sont fréquentes entre 18 et 24 mois (stade Mars Ee).
Entre 2 et 3 ans l'enfant reconnaît que cette image dans le miroir est son image et il se sert du miroir de façon utilitaire, comme l'adulte. La connaissance de son image est beaucoup centrée sur la connaissance de son visage, lieu privilégié de l'expression de ses émotions. Il semble chercher à lier ce qu'il ressent à l'intérieur de lui (les états de bien-être ou de malaise qui sont, pour lui, des expériences connues depuis longtemps) et la façon dont cela se dit à travers son corps (stade Jupiter Er)


Douglas Harding à propos d'éveil et sa vision



Dans la deuxième vidéo, Douglas évoque la conduite en voiture. Semble se poser un problème de référentiel. J'ai bien de lointains souvenirs de mes cours de physique et du référentiel galiléen et je sais aussi quoiqu'il en soit des mouvements apparents du système solaire... que ce n'est pas le Soleil et les étoiles qui tournent autour de "moi", mais "moi" empiriquement parlant, scotchée sur la Terre en rotation, même si globalement l'ensemble de notre petit système tourne aussi dans les bras de notre galaxie... etc... D'expérience, un bon virage à une certaine vitesse en moto, offre des sensations certaines que le paysage ne fait pas que se dérouler, mais que notre petit corps fait partie prenante d'un ensemble de forces... Certaines métaphores portent parfois à confusion...



Chez Jean Klein, (voir ici) il y a une position d'observateur non seulement des pensées mais aussi des sensations :

Pouvez-vous nous parler de la perspective objective et de ses rapports avec la joie non duelle ?
Pour pouvoir situer l’expérience, il me semble indispensable d’analyser fondamentalement l’objet qui est pris par erreur comme pouvant contenir la paix et la suffisance. Si nous examinons un objet, nous pouvons constater qu’il n’est rien au fond que sensorialité, sensation. Sans celle-ci : vision, audition, toucher, etc., il n’y a pas d’objet.
Sur cette sensation, nous surimposons une idée de l’objet, c’est-à-dire qu’un objet est uniquement là quand il est pensé, il est concept. Quand ceci est véritablement, profondément compris : qu’un objet n’est rien d’autre que sensation, idée, et que notre vision précédente nous a montré que l’objet ne contient pas ce que nous cherchons, que se passe-t-il ? Il y a une élimination qui se fait. La sensation s’élimine parce qu’elle ne contient pas ce que je désire profondément, pas plus qu’elle ne contient ce que je cherche. Nous n’éliminons pas pensée et sensation, mais elles s’éliminent de nous. Les choses se détachent de nous, elles se détachent de nous comme un fruit mûr se détache de la branche.


Autres citations de Jean Klein : "d'Insondable Silence."

Voir aussi :

Les Portes de la perception

A propos d'identification et de discrimination