"Où mène le processus dans lequel je me trouve ? Quel en est le but ?" Je savais par ma propre expérience que je n'étais pas de moi-même en état de choisir un but qui m'aurait semblé digne de confiance. J'avais fait l'expérience vivante que je devais totalement abandonner l'idée de la souveraineté du moi. C'est précisément en cela que j'avais subi un échec : je voulais continuer des recherches scientifiques sur les mythes, comme celles dont j'avais commencé l'élaboration dans les Métamorphoses et symboles de la libido ; tel était mon but. Mais il ne put en être question davantage. Je fus obligé de vivre moi-même le processus de l'inconscient. Il me fallu d'abord me laisser emporter par ce courant, sans que je pusse savoir où il me conduirait. Ce n'est que lorsque je commençai à peindre les mandalas que je vis que tout chemin qu'il me fallait aller et chaque pas qu'il me fallait accomplir, que tout convergeait vers un certain point, celui du milieu. Je compris toujours plus clairement que le mandala exprime le centre. Il est l'expression de tous les cheminements ; il est sente qui mène vers le milieu, vers l'individuation.

Durant les années 1918 à environ 1920, je compris que le but du développement psychique est le Soi. Vers celui-ci il n'existe pas de développement linéaire, mais seulement une approche circulaire, "circumambulatoire". Un développement univoque existe tout au plus au début ; après, tout n'est plus qu'indication vers le centre. Savoir cela me donna de la solidité et, progressivement, la paix intérieure se rétablit. Je savais que j'avais atteint, avec le mandala comme expression du Soi, la découverte ultime à laquelle il me serait donné de parvenir. Un autre en saura peut-être davantage, mais pas moi.

Mes idées sur le centre et sur le Soi me furent confirmées plus tard, en 1927, par un rêve. J'en ai représenté l'essence dans un mandala que j'intitulai "La fenêtre sur l'éternité". (Jung "Ma vie")



Ainsi dit Jung, on ne va pas passer trop de temps à explorer les mythes, mais seulement voir quelques petites analogies du type "mandalas astrologiques".

Tenter d'exprimer sur le papier, même dans l'inachevé de l’exploration est une sorte de "réflection"...
Voici quelques dessins de Jung où se mêlent l'association micro/macrocosme, d'un point de vue astrologique, et mythique.



Le serpent et les ailes... une image dissociée chez jung, semble le porter dans certaines de ces recherches. Voir : Aiôn.
Mais l'association serpent/ailes est étrangement présente chez Mithra, Phanès, Hermès, Esculape...et d'un grand coup d'aile au-delà de l'espace-temps... chez les Mayas et Aztèques, et les Égyptiens, en relation certaine avec l'astronomie, voire aussi en Chine avec le dragon ailé.
Est-ce un archétype universel qui a poursuivi l'humanité ? Pour les Aztèques, Quetzalcoatl, le serpent à plumes, est très clairement l'union du Ciel et de la Terre dans un sens très bienveillant, faisant partie d'une quaternité....



En somme, en transparence, le zodiaque photo-périodique ou plus exactement le zodiaque universel des déclinaisons pour le Dieu Soleil, se juxtapose très justement sur ces deux "messages" des anciens... Le serpent pour moi, est plutôt l'image poétique de l'onde électromagnétique sinusoïdale d'une certaine fréquence, comme tout ce qui tourne autour du Soleil, et ça se débrouille plutôt bien... depuis les temps bibliques et au-delà... ;-)

Les ailes sont plutôt "extraterrestres"... envol dans la conscience, abstraction de la pesanteur et de la gravité... mais aussi ouverture aux messages de la conscience universelle et connaissance intérieure.


Pour Jung, comme il l'écrit dans "Ma vie", le mandala est "une image archétypique dont l'existence est vérifiable à travers les siècles et millénaires. "Il désigne la totalité du Soi, ou illustre la totalité des assises de l'âme – mythiquement parlant, la manifestation de la divinité incarnée dans l'homme. En opposition au mandala de Boehme, le mandala moderne vise l'unité, c'est-à-dire qu'il représente une compensation de la faille, voire son dépassement anticipé. Comme ce processus a lieu dans l'inconscient collectif, il se manifeste partout."

L'"ombre" et le conscient qui sont vus comme contraires cherchent à s'équilibrer en une unité, par l'intermédiaire de symboles. Le problème d'une éventuelle confrontation est dans la prise au sérieux des contraires eux-mêmes, une sorte d'affrontement dans une logique du binaire sans troisième terme. Mais une troisième solution peut se présenter de façon spontanée et ressentie comme la "grâce".

"La solution naissant de la confrontation et de la lutte des contraires est le plus souvent constituée par un mélange inextricable de données conscientes et inconscientes, et c'est pourquoi on peut la dire un "symbole" (une pièce de monnaie coupée en deux dont les moitiés s'encastrent exactement). Cette solution représente le résultat de la coopération du conscient et de l'inconscient ; elle atteint à l'analogie avec l'image de Dieu, sous forme de mandala, qui est sans doute l'esquisse la plus simple d'une représentation de la totalité, et elle s'offre spontanément à l'imagination pour figurer les contraires, leur lutte et leur conciliation en nous. La confrontation, qui est tout d'abord de nature purement personnelle, s'accompagne bientôt de l'intuition et de la connaissance que la tension subjective en soi-même entre les opposés n'est en toute généralité, qu'un cas d'espèce dans les tensions conflictuelles du monde.

Car notre psyché est structurée à l'image de la structure du monde, et ce qui se passe en grand se produit aussi dans la dimension la plus infime et la plus subjective de l'âme. C'est pourquoi l'image de Dieu est toujours une projection de l'expérience intérieure vécue lors de la confrontation avec un vis-à-vis très puissant. Celui-ci est figuré par des objets dont l'expérience intérieure est issue et qui, à partir de là, ont gardé une signification numineuse ; ou il est caractérisé par sa numinosité et la force subjugante de celle-ci. Dans ce dernier cas, l'imagination se libère du simple plan de l'objet et tente d'esquisser l'image d'une entité invisible existant derrière les apparences. Je pense ici à la plus simple des formes fondamentales du mandala, la circonférence, et au partage du cercle le plus simple (mentalement) : le carré ou la croix."


Effectivement, Jacob Boehme a réalisé nombre de magnifiques dessins, comme son contemporain Robert Fludd (voir ici). On y retrouve symboles divers, du ternaire en relation au quaternaire, astrologie...






Pourtant, si Jung avait persisté du côté de l'Inde, en dépassant l'illusion de l'énergétique sexuelle, il aurait peut-être été "subjugué" par la représentation de Shiva Natarâdja, le danseur cosmique...et la Trimūrti, où se fondent là aussi le ternaire et le quaternaire, immuablement "intriqués"...




Quoi de neuf depuis les triturations alchimico-astrologiques... Comment nos anciens verraient le système solaire, avec Uranus, Neptune et Pluton ou les Plutinos.
Dans "Synchronicité et Paracelsica" de façon étrange, Jung s'inspirait d'une ancienne vision, qui, ignorant les planètes trans-saturniennes, confond les phases de la Lune et le niveau T du modèle RET, où s'intègrent le ternaire et le quaternaire.
Suivant les conseils du Grand Hermès, pour la symétrie du haut et du bas... j'ai donné libre cours à mon imagination...en mode Fludd...



Et en mode Kepler, le quaternaire en expansion spatio-temporelle, dans la sphère de la conscience, selon un mouvement spiralé...







Enfin, réunissons Jung et Pauli, dans un schéma quaternaire commun, celui des "Possibilités" [Möglichkeit]... ;-)






Mandalas de Jung, Tibétains et Navajos, et expression du retour au centre



Jacob Boehme







Autre mandala "Ephéméride" :-)






Voir aussi : Fludd, Kepler, Jung, et Pauli...